Quand on est riche, pourquoi ne pas le devenir encore plus ?

 

Une petite info sur Citrix :

Je n’avais pas vu passer l’annonce, qui date du premier juillet, mais qui sera effective au premier octobre. Citrix change son mode de licence, et, à partir du mois prochain, vous ne pourrez plus acquérir de licence « perpétuelle » pour leurs produits, mais vous devrez les « louer » (enfin, vous abonner).

Alors, pourquoi cela me fait-il réagir ? En fait, je n’ai plus de clients qui utilisent ces produits, ma clientèle actuelle n’est, à priori, pas concernée.

Un modèle bien rodé :

Oui, mais… C’est le Nième éditeur qui suit ce chemin, après Adobe et Microsoft pour n’en citer que deux.

Non contents d’avoir vendu des logiciels avec des tarifs élevés durant des années, ils ont fini par réaliser qu’ils pouvaient toucher le jackpot !

C’est toujours la même histoire. On commence par un programme (ou une suite logicielle) qui devient leader sur son marché, voire incontournable : Adobe Créative suite, Microsoft Office… Les utilisateurs se sont habitués à les utiliser, se sont formés, leurs correspondants les utilisent, et il doivent les utiliser pour pouvoir échanger avec eux. Ils sont plus vite productifs, du coup, s’ils les utilisent. En tous cas plus rapidement.

Si, au début, les produits étaient peut-être les meilleurs pour conquérir leur marché, avec le temps, c’est plus l’effet de masse et l’habitude qui conduit à les adopter (d’où l’importance de ne pas voir que les logiciels Microsoft sur les ordinateurs de nos enfants, surtout à l’école). Quand un salarié arrive dans un nouveau poste, la plupart du temps, il ne va pas demander « un traitement de texte » ou « un tableur », mais « Word » ou « Excel »…

Donc, ces « petits » éditeurs ont en quelque sorte un « marché captif », ils sont dans une position de force avec peu de concurrence, ou ils sont tellement sûrs d’eux qu’ils peuvent se permettre n’importe quoi. Et ils le font.

Adobe Créative Suite version 6 fut la dernière version vendue en licence perpétuelle, remplacée par « Adobe Créative Cloud », disponible uniquement par abonnement.

Le cas de Microsoft Office :

Il fut un temps où on achetait une licence Microsoft Office (2007, 2010…) perpétuelle. Et je trouve encore aujourd’hui des machines avec des versions 2007 ou 2010 toujours utilisées. Mais depuis 2011, Microsoft incite tout le monde à utiliser Office 365 (devenu Microsoft 365 en avril dernier), et cherche à dissuader d’utiliser encore la version avec licence perpétuelle (Office 2019).

Office 2019, lorsque vous l’achetez en version « Famille et petite entreprise« , coûte aux alentours de 250€ HT. Pour ce tarif, Microsoft vous fournit uniquement Word, Excel, Outlook et Powerpoint. Point de mise à jour de vos logiciels, vous n’aurez droit qu’à quelques correctifs de sécurité. Et vous n’aurez le droit de l’utiliser que sur un seul ordinateur.

« Microsoft 365 est un abonnement fourni avec des applications avancées, telles que Word, Excel, PowerPoint, OneNote, Outlook, Publisher et Access (Publisher et Access sont disponibles sur PC uniquement). Ces applications peuvent être installées sur plusieurs appareils, y compris sur PC, Mac, iPad, iPhone, tablettes Android et téléphones Android. Microsoft 365 offre également des services tels que 1 To de stockage OneDrive, 60 minutes Skype par mois et le support technique Microsoft par chat et par téléphone. Avec un abonnement, vous bénéficiez des versions les plus récentes des applications et recevez automatiquement les mises à jour lorsque celles-ci sont disponibles. »

De multiples versions de Microsoft 365 sont disponibles, selon que l’on est un utilisateur particulier, une entreprise, ou que l’on a besoin de stockage ou de messagerie. Si l’on veut comparer, prenons donc la version « Microsoft 365 Apps for business », qui ne comprend que les programmes et OneDrive 1To. L’éditeur va mettre en avant la richesse des applications (Access et Publisher), le fait de pouvoir l’utiliser sur « cinq appareils mobiles, cinq tablettes et cinq PC ou Mac par utilisateur », « de nouvelles fonctionnalités chaque mois », « de l’aide à tout moment grâce au support web et téléphonique permanent de Microsoft », le tout pour 8,8€ HT par mois (et par utilisateur).

Oui, mais… Quand on voit qu’on vous annonce un prix mensuel, je ne sais pas pour vous, mais moi, je deviens méfiant. Ramenons ça en tarif annuel : 105.6€ par an.

Concernant les logiciels inclus : 99% des utilisateurs que je connais n’utilisent ni Access, ni Publisher. Quant aux nouveautés mensuelles, et même celles des versions « majeures » (2007, 2010, 2013, 2016 puis 2019), elles ne sont intervenues que tous les 3 ans, et, là encore, parlez-en à mes clients qui utilisent les versions 2007 ou 2010…

Ah, mais on peut l’utiliser sur 5 PC ou Macs… Oui, je vous le concède, parfois l’utilisateur va utiliser un PC fixe au bureau et un portable en déplacement, mais, le plus souvent aujourd’hui, si l’utilisateur a besoin de mobilité, je ferai en sorte que son PC portable puisse lui servir au bureau avec une station d’accueil, gardant le même environnement de travail, les mêmes fichiers, et évitant d’acheter, de configurer et d’entretenir deux ordinateurs.

Alors, qu’est-ce qui change vraiment ? Et bien, le prix, bien sûr! Sans aller chercher mon cas extrême, qui a gardé sa suite Office 13 ans, si on se limite à 10 ans, et bien, si les tarifs d’aujourd’hui restaient constants 10 ans, ce qui, avouons-le, est fort peu probable, il faudrait débourser 1056€ Ht, contre 250€ pour Office 2019. Le jackpot pour Microsoft.

Je n’ai pas fait le calcul pour Adobe et sa « Créative Cloud », ni pour Citrix, l’actualité du moment, mais je leur fais confiance…

Encore mieux, en RDS :

Ah, et encore un mot sur les licences Microsoft, puisqu’on y est : En ces périodes troublées qui nous font parler régulièrement du télétravail, il y a un mode de fonctionnement que j’affectionne et qui y est très bien adapté : la Connexion Bureau à Distance. C’est une solution éprouvée, que j’ai utilisée et maintenue durant des années, tant pour notre usage interne que pour mes clients. On installe un serveur dédié sur le site de l’entreprise, et les utilisateurs viennent y ouvrir leur session de travail, soit à partir d’un terminal ou d’un poste de travail situé sur le réseau local (dans l’enceinte de l’entreprise), soit depuis l’extérieur à travers un VPN ou un portail sécurisé.

Cette solution présente quelques avantages :

  • Les données sont et restent sur les serveurs internes de l’entreprise, rien n’a besoin d’être « à l’extérieur » (dans le cloud, sur les postes extérieurs).
  • Si tout le monde utilise cette solution, les logiciels n’ont besoin d’être installés et paramétrés qu’une seule fois sur le serveur, pas sur chaque poste, ce qui peut représenter une économie importante lors des déploiements et des mises à jour.

Évidemment, tout n’est pas rose :

  • Le serveur Bureau à Distance (RDS) devient un élément critique, il a besoin de puissance pour accueillir simultanément les sessions de tous les utilisateurs, et éventuellement de redondance pour la continuité de service,
  • Mais il va falloir aussi prévoir un budget pour les licences : vous aviez déjà besoin d’une licence pour votre serveur (et là, comme vous aurez besoin de puissance, vous risquez de payer cher si vous dépassez le nombre de cœurs CPU autorisés), d’une Licence d’Accès Client (CAL) par utilisateur pour accéder au domaine, mais il faudra rajouter aussi une licence bureau à distance par utilisateur (plus de 130€ HT), et, c’est là que nous retrouvons Office, une licence pour chaque utilisateur du serveur. Sur un serveur RDS, c’est la version Open Volume Standard qu’il faudra acquérir pour la modique somme de ~390€ HT (toujours par utilisateur, et sans la « Software Assurance » qui majorerait le prix de 50% pour disposer des mises à jour), pour utiliser de Microsoft Excel, Outlook, Powerpoint, Publisher et Word. Rien qu’en licence Microsoft, un utilisateur de serveur RDS vous coûtera plus de 560€ HT (Cal + Cal RDS + Office) !

Voilà, selon l’usage et le mode d’achat, vous pouvez devoir débourser entre 250 et 390€ en achat définitif si vous tenez à utiliser Microsoft Word, mais au minimum 105,6€ par an en abonnement…

Et, pour ce qui est des serveurs RDS, Microsoft préfèrerait que vous les hébergiez dans son cloud Azure, et que vous placiez vos données dans OneDrive… Avec les abonnements adéquats, bien sûr !

Certains jours, au lieu d’être prestataire de service pour mes clients, j’ai l’impression d’être un collecteur d’impôts pour Microsoft ! On comprend mieux pourquoi ils sont prêts à offrir leurs logiciels dans les écoles, histoire de les habituer tous petits…